128. La conversion de Paul

La liturgie nous fait célébrer la Conversion de saint Paul le 25 janvier. Au sens de retournement radical, l’événement de Damas est bien une conversion, comme il l’affirme lui-même en Ph 3 : après avoir rejeté Jésus de Nazareth, Paul se tourne maintenant vers lui et ne vit plus qu’en lui. La conversion de Paul constitue un événement essentiel au début du christianisme : celui-ci serait-il sorti si vite de ses langes juifs sans la fougueuse intervention du converti de Damas ?

Sur cette brusque transformation du Juif zélé pour la Loi en apôtre du Christ, nous disposons de deux séries d’attestations : celles de Paul lui-même, les plus directes, les plus précieuses, celles de Luc dans les Actes des Apôtres sous forme d’un récit et de deux discours comportant des variantes significatives. C’est la contribution de Luc que nous allons étudier dans cette étude biblique.

À la suite de sa conversion, Saul se met à prêcher, mais au cours de ses voyages, jamais il ne parlera de son expérience intérieure, même pas pour asseoir son autorité. C’est important à souligner pour nous qui cherchons à témoigner en partant d’abord de notre expérience personnelle. Car le discours missionnaire de Paul est d’abord construit sur le kérygme apostolique. Comme Étienne, Paul parlera de son expérience en situation dramatique, c’est-à-dire lors de son procès (Ac 22 et 26).


CONTENU

Une synopse des trois récits

I. EN MARCHE VERS DAMAS — Ac 9

  1. Christophanie sur le chemin de Damas
    Le caractère redoutable de Saul — v. 1-2
    Le retournement inouï de Saul — v. 3-7
    Le dialogue entre Jésus et Saul — v. 4-6
    La médiation d’Ananie — v. 10-16
    La transformation intérieure de Saul — v. 17-19
  2. Saul rend témoignage au Christ à Damas
    La prédication de Saul à Damas — v. 19b-22
    Stupéfaction et complot — v. 23-25
  3. Et à Jérusalem
    La prédication de Saul à Jérusalem — v. 26-30
    La conversion de la communauté chrétienne

II. EN MARCHE VERS ROME — Ac 22 & 26

A. LE DISCOURS DE PAUL À JÉRUSALEM — Ac 22
Les circonstances dramatiques de cette seconde version
L’araméen comme langue de défense
Le passé juif de Paul — v. 3-5
La rencontre sur le chemin de Damas — v. 6-11
Lumière et voix
La visite d’Ananie — v. 12-16
Du neuf pour le lecteur
La vision dans le Temple — Ac 22,17-21
Pourquoi le lecteur est-il désorienté ?
L’apport de cette seconde version

B. LE DISCOURS AU ROI AGRIPPA — Ac 26
Les différents protagonistes du procès
La structure rhétorique du discours de Paul
La présentation de la rencontre sur le chemin de Damas
L’insistance sur l’universalité du kérygme
La double réaction d’Agrippa
L’apport de cette troisième version

III. CONVERSION, ENVOI EN MISSION

Un itinéraire conjoint de Paul et de la communauté chrétienne
Une expérience christocentrique
Une dynamique spirituelle
Un approfondissement

CONCLUSION — Apôtre du Christ Jésus

ANNEXES
Paul est-il tombé de cheval ?
D’autres ressources
Les voyages missionnaires de Paul


Cliquer sur l’image pour télécharger l’étude en format .pdf

Smartphone ou tablette : format e-pub

Accès à la présentation de la Petite École Biblique

Les Quatre Évangiles, Traduction de la Vetus syra

Le P. Étienne Méténier (de la Communauté des Béatitudes), docteur de l’université du Saint-Esprit de Kaslik (Liban) en partenariat avec l’EBAF, publie la première traduction en français d’une version très ancienne des quatre Évangiles, composée en araméen au IIe siècle, la Vetus Syra. Il explique pourquoi et comment il a entrepris ce travail dans un bel entretien avec une journaliste, à lire ICI

La Vetus Syra des évangiles est fondée sur une famille de 5 manuscrits complétée encore en 2023 grâce à l’analyse multispectrale de palimpsestes et à l’intelligence artificielle. Nous avons ainsi accès à une version des évangiles du IIe siècle en langue araméenne (et en graphie syriaque), très proche de la phase orale de la production et de la transmission des traditions néotestamentaires, complémentaires des transmissions textuelles grecques et latines. Le constat général joue en faveur de la qualité des évangiles canoniques en grec, avec lesquels le texte araméen n’offre pas de variantes majeures.

Cependant, plus de 1700 différences de détail donnent une saveur différente et enracinent plus fortement la prédication de Jésus dans le judaïsme de son temps.

Le scénario de la Fin

Il ne manque pas de Chrétiens, aujourd’hui comme hier, pour penser ou annoncer : l’époque troublée que nous vivons marque l’entrée dans les événements qui précèdent directement la Venue en gloire de Jésus, sa Parousie. C’est bien possible. Mais on ne sait jamais clairement. C’est pourquoi il est toujours indispensable de retourner puiser à la source, à savoir les passages des évangiles et de l’Apocalypse de Jean, qui ont été affrontés eux-mêmes à faire cette annonce.

Un préalable : évacuer un faux scénario

Celui de la succession. Le courant littéraire et spirituel de l’Apocalyptique juive se représente le temps du monde et la venue du Royaume comme deux époques qui se succèdent l’une à l’autre, après une grande catastrophe suivie du règne de Dieu. Malheureusement, ce genre de schéma est fréquemment présent dans nos têtes et notre foi. Et il est périmé, donc faux pour nous.

L’enseignement de Jésus (et des Apôtres) considère au contraire que sa Venue dans la chair EST déjà l’irruption du Royaume dans le monde. Depuis son incarnation et sa résurrection, nous sommes dans les derniers temps, le Royaume affleure et se manifeste dans la vie de ceux qui l’accueillent dans la foi. Il y a interpénétration et non pas succession. Jésus est présent de façon invisible dans la vie des croyants, et donc dans le monde, où l’Esprit est à l’œuvre. C’est le temps de l’Église (les 1000 ans de l’Apocalypse). La Venue glorieuse de Jésus, précédée de la grande tribulation, sera simultanément le rassemblement des élus, la fin du monde, et l’accomplissement du Royaume de Dieu. Examinons de plus près les éléments qui sont offerts par Marc, puis Matthieu, puis Jean.

CETTE RÉFLEXION FAIT SUITE À L’ARTICLE PUBLIÉ SUR LE SITE SOSDISCERNEMENT.ORG : VOUS AVEZ DIT FIN DU MONDE ?

TROIS CATÉCHÈSES SUR LA FIN

I. Le discours eschatologique de Jésus élaboré par Marc 13

À partir de la réflexion des disciples sur les belles pierres du Temple, de l’affirmation de Jésus sur la destruction du Temple, et de leur question : « dis-nous quand et à quels signes ? », l’évangéliste structure une catéchèse en trois temps :

  • Les signes qui annoncent la Fin, v. 5-23. Imaginez que vous achetez un sandwich, on vous pose la question « à quoi ? ». Et bien ici, puisqu’il s’agit des signes, trois affirmations sont données : les catastrophes ne sont pas le signe de la Fin ; les persécutions ne sont pas le signe de la Fin ; le signe de la Fin : l’abomination, et la grande tribulation. Ces trois affirmations sont placées entre deux tranches de pain : prenez garde, ils abuseront bien des gens, et : prenez garde, n’en croyez rien, je vous ai prévenus de tout. Cela laisse un drôle de goût en bouche, puisque Jésus laisse à entendre que l’interprétation des signes est un terrain super-glissant !
  • La Venue du Fils de l’homme, v. 24-27. Là au moins, l’affirmation est nette : Jésus viendra avec puissance et grande gloire, après la grande tribulation, et pour rassembler les élus.
  • Le jour et l’heure, v. 28-34. Ici Jésus manie le chaud et le froid : la certitude que c’est pour bientôt, et l’ignorance du moment exact. La conclusion porte sur la nécessité de veiller.

Il faut avouer que ce discours est très bien ficelé. Même s’il contient quelques petites révélations sur l’avenir, le texte de Marc 13 se distingue pourtant d’une apocalypse sur deux points :

  • D’abord Jésus avertit quatre fois les lecteurs de « ne pas se laisser abuser et égarer » par l’interprétation apocalyptique.
  • Ensuite, alors qu’une apocalypse est souvent caractérisée par l’annonce des événements à venir, ici au contraire, Jésus demande de ne croire en rien ceux qui prétendraient donner des renseignements trop précis et met en garde contre toute ferveur apocalyptique.

Ce discours est donc très « posé », et ne se prête pas à des élucubrations délirantes ou à des curiosités malsaines. De plus, il est très édifiant pour la foi et l’espérance.

VOUS SOUHAITEZ APPROFONDIR ? Téléchargez et travaillez ce livret :


II. Le discours eschatologique de Jésus élaboré par Matthieu 24-25

On voit déjà que c’est beaucoup plus long, deux chapitres au lieu d’un ; le texte est composé de trois parties successives :

La Parousie, la Venue du Fils de l’homme (partie 1)

Chez Mt, il y a une sorte de superposition entre la Venue du Christ, la ruine de la fin du monde, et le jugement que le Fils de l’homme fera passer sur les hommes par ses anges. Il y a ainsi, dans les paroles de Jésus une progression qui s’effectue de la manière suivante :

  • Le commencement des douleurs : ne vous effrayez pas, ce n’est pas encore la fin
  • Les persécutions comme occasion de témoignage : vous serez livrés à la détresse, le mal prendra des proportions inouïes, marqué par la perte de l’amour du prochain.
  • La grande tribulation en Judée, mais aussi sur le monde entier,. Elle sera une menace pour la fidélité des élus : ils risquent, sous l’influence des faux prophètes et faux Christs, d’aban­donner la foi ; d’où l’insistance par deux fois : n’en croyez rien !
  • Parlant finalement de l’ébranlement du cosmos, puis de l’apparition du signe du Fils de l’homme, Jésus se distancie de conceptions qui limiteraient sa manifestation à un lieu géographique déterminé ou à un groupe de privilégiés. Car sa visibilité sera universelle, bien que sa date soit imprévisible.

Les paraboles de la vigilance (partie 2)

Partant du thème de l’inconnaissance du jour de la Parousie, l’évangéliste développe de proche en proche les conséquences pratiques de ce fait : « Veillez donc »; « Soyez prêts ». Il le fait en regroupant quatre paraboles : les jours de Noé et le voleur ; le serviteur à la venue de son maître ; les dix vierges ; les talents.

L’annonce du jugement des Nations (partie 3)

C’est la troisième partie, cinquième parabole, apothéose, grande fresque dévoilant un jugement universel basé sur l’amour, une séparation des hommes en deux groupes. Car le Juge s’était identifié aux pauvres, et ceux qui sont proclamés « justes » ont fait miséricorde au Christ sans le savoir.

Matthieu compose sa catéchèse sur la Venue finale du christ comme une exhortation sur la façon dont se préparer à entrer dans le Royaume qui vient : il insiste sur la vigilance, car le sort individuel dépend de la façon dont on aura réagi pendant cette absence et préparé cette rencontre avec le Christ.

VOUS SOUHAITEZ APPROFONDIR ? Téléchargez et travaillez ce livret :

III. Troisième catéchèse : l’Apocalypse de Jean

Ce dernier livre de la Bible est tout entier consacré à une révélation d’ordre prophétique. Elle est transmise à travers des visions reçues par Jean, décrites en puisant abondamment dans le réservoir à images de l’A.T.

Cette révélation est le dévoilement du Jugement déjà à l’oeuvre dans l’histoire humaine. Il agit à travers des événements cataclysmiques (où le mal est à l’oeuvre de façon limitée). Ils sont à la fois sanction des conduites humaines et avertissements préventifs pour mouvoir l’humanité vers la conversion.

C’est pourquoi le thème des plaies d’Égypte est fortement réemployé tout au long du livre, pour nous transmettre ce message de libération finale du Mal, lequel se trouve déjà sous la seigneurie du Christ. Un focus spécial est fait sur les martyrs, dont le témoignage sanglant leur procure une rétribution immédiate.

L’histoire mûrit, le temps est proche de la chute de l’idolâtrie, de la résurrection des morts, du jugement final, de la purification finale du monde, et de l’advenue du monde nouveau et de la Jérusalem céleste où Dieu est tout en tous.

VOUS SOUHAITEZ APPROFONDIR ? Téléchargez et travaillez ce livret :

VOICI DONC QUATRE BALISES PROPOSÉES

J’ai présenté les trois scénarios les plus élaborés du Nouveau Testament. Ils font partie du canon des Écritures, ils ont été mis en forme par les apôtres les plus proches de Jésus. Nous risquons de ne pas faire mieux ! Inutile de vouloir compléter par nos sécrétions psychiques. Exploitons et nourrissons-nous des quatre balises proposées :

  1. La perspective chronologique est dissuadée dans les trois cas : nul ne sait la date et l’heure ; seule ressort l’affirmation : « je viens bientôt ». Il faut accepter ce flou comme nécessaire et inhérent aux événements de la fin.
  2. La recherche des signes et leur compréhension est dévaluée : les mises en garde sont très claires. Vouloir lister des événements historiques comme annonciateurs est une impasse totale qui relève d’une posture divinatoire.
  3. Les événements que nous attendons sont clairement indiqués : désordre cosmique, confusion déstabilisatrice, Venue glorieuse et universelle du Christ, rassemblement des élus, résurrection des morts, jugement des nations, défaite finale du Mal, avènement d’un monde nouveau où Dieu règne.
  4. La vigilance dans la foi, l’espérance, et la charité concrète, est la seule attitude proposée pour paraître « debout devant le Fils de l’homme » (Luc 21,36), c’est-à-dire libérés de la peur et pleins d’assurance.
Cette vidéo sera mise en ligne en février 2025.

Le véritable Jésus reste le Jésus que nous offrent les Evangiles

Joseph Ratzinger

Extrait de l'interview qu'il a accordée à Guido Horst pour« Die Tagespost », à l'automne 2003. Troisième tome du XIIIe volume de l'Opera Omnia. Publié par Sandro Magister avec l'autorisation de la Librairie éditrice vaticane. L'article complet fait une vingtaine de pages.

Q. – Il est toujours de « bon ton », entre catholiques soucieux de la tradition, de parler d’une crise de la foi dans l’Église. Mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi ?

R. – Tout d’abord, je voudrais vous donner raison. La foi du croyant individuel a toujours connu ses difficultés et ses problèmes, ses limites et sa mesure. Nous ne pouvons pas en juger. Mais dans la situation spirituelle de base, pour ainsi dire, quelque chose de différent s’est produit. Jusqu’aux Lumières, et même ensuite, il n’y avait aucun doute sur le fait que le monde était empreint de Dieu, il était en quelque sorte évident que derrière ce monde il y avait une intelligence supérieure, que le monde, avec tout ce qu’il contient – la création avec sa richesse, sa raison et sa beauté – était le reflet d’un Esprit créateur. Et il y avait aussi, par-delà toutes les divisions, l’évidence fondamentale que, dans la Bible, c’est Dieu lui-même qui nous parle, qu’il nous a révélé son visage, que Dieu vient à notre rencontre dans le Christ. Alors qu’à l’époque, il y avait, disons, un présupposé collectif d’adhérer d’une manière ou d’une autre à la foi – toujours avec toutes les limites et faiblesses humaines – et qu’il fallait réellement un acte de rébellion intentionnelle pour s’y opposer; après les Lumières, tout a changé: aujourd’hui, l’image du monde est exactement inversée.

Tout est, semble-t-il, expliqué sur un plan matériel ; l’hypothèse de Dieu, comme le disait déjà Laplace, n’est plus nécessaire, tout s’explique à travers des facteurs matériels. L’évolution est devenue, pour ainsi dire, la nouvelle divinité. Il n’y a aucun passage qui semble nécessiter un Créateur. Au contraire, son introduction semble contredire la certitude scientifique, et c’est donc quelque chose d’indéfendable. De la même manière, la Bible nous a été arrachée des mains, et on nous a expliqué qu’il fallait la considérer comme un produit dont l’origine pouvait être expliquée historiquement, reflétant des situations historiques et qu’elle ne nous disait pas du tout ce que nous pensions pouvoir en tirer, qu’au contraire il s’agissait de tout autre chose.

Continuer la lecture de Le véritable Jésus reste le Jésus que nous offrent les Evangiles

127. Pierre d’achoppement, pierre angulaire, pierres vivantes

Événement majeur de l’année 2024 en France, la fin de l’essentiel du chantier de restauration, et la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris ! « On n’avait pas construit de flèche en bois culminant à 100 mètres de haut depuis Viollet-le-Duc. On n’avait pas réalisé de voûtes en pierre de la dimension de celle de la croisée du transept depuis plus de 150 ans. On a prouvé que c’était encore possible » (Ph. Jost).

En résonance avec cet événement, je vous propose ce mois-ci de fouiller la carrière biblique pour y découvrir comment l’image de la pierre est appliquée au Messie.

Par souci d’unité synthétique, l’étude est limitée à ces trois aspects : la pierre d’achoppement, la pierre angulaire, les pierres vivantes, laissant de côté d’autres perspectives. Et précisément, pour mieux saisir la réalité de l’achoppement dans la Bible, une étude du sens du scandale était nécessaire.


CONTENU

Ouverture — Le travail des pierres

I. LA PIERRE D’ACHOPPEMENT
La réalité du scandale
Dieu est un Dieu qui fait trébucher
Chemin des justes et chemin des méchants
La conduite de Dieu sur son peuple
Ne pas scandaliser
Les pierres d’achoppement dans la Bible
Le peuple juif, pierre d’achoppement au milieu des peuples
Le Christ, pierre d’achoppement du peuple juif
L’Eucharistie et la Passion, pierres d’achoppement pour les disciples du Christ

II. LA PIERRE D’ANGLE
Pierre d’angle
Pierre d’achoppement et pierre d’angle
La parabole des vignerons homicides
D’autres passages

III. LES PIERRES VIVANTES
Le texte de 1 P 2, 4-10
La nouvelle communauté, maison spirituelle
Le Christ pierre vivante
Les chrétiens, pierres vivantes
De l’Ancien au Nouveau Testament
La communauté chrétienne : une maison spirituelle — 1 P 2, 6-8
La communauté chrétienne : peuple sacerdotal et royal — 1 P 2, 9-10

CONCLUSION — Avec humilité


Cliquer sur l’image pour télécharger l’étude en format .pdf

Smartphone ou tablette : format e-pub

Accès à la présentation de la Petite École Biblique


Chaque jour, j'étudie la Bible !