Archives de catégorie : Bible

Les Quatre Évangiles, Traduction de la Vetus syra

Le P. Étienne Méténier (de la Communauté des Béatitudes), docteur de l’université du Saint-Esprit de Kaslik (Liban) en partenariat avec l’EBAF, publie la première traduction en français d’une version très ancienne des quatre Évangiles, composée en araméen au IIe siècle, la Vetus Syra. Il explique pourquoi et comment il a entrepris ce travail dans un bel entretien avec une journaliste, à lire ICI

La Vetus Syra des évangiles est fondée sur une famille de 5 manuscrits complétée encore en 2023 grâce à l’analyse multispectrale de palimpsestes et à l’intelligence artificielle. Nous avons ainsi accès à une version des évangiles du IIe siècle en langue araméenne (et en graphie syriaque), très proche de la phase orale de la production et de la transmission des traditions néotestamentaires, complémentaires des transmissions textuelles grecques et latines. Le constat général joue en faveur de la qualité des évangiles canoniques en grec, avec lesquels le texte araméen n’offre pas de variantes majeures.

Cependant, plus de 1700 différences de détail donnent une saveur différente et enracinent plus fortement la prédication de Jésus dans le judaïsme de son temps.

Le scénario de la Fin

Il ne manque pas de Chrétiens, aujourd’hui comme hier, pour penser ou annoncer : l’époque troublée que nous vivons marque l’entrée dans les événements qui précèdent directement la Venue en gloire de Jésus, sa Parousie. C’est bien possible. Mais on ne sait jamais clairement. C’est pourquoi il est toujours indispensable de retourner puiser à la source, à savoir les passages des évangiles et de l’Apocalypse de Jean, qui ont été affrontés eux-mêmes à faire cette annonce.

Un préalable : évacuer un faux scénario

Celui de la succession. Le courant littéraire et spirituel de l’Apocalyptique juive se représente le temps du monde et la venue du Royaume comme deux époques qui se succèdent l’une à l’autre, après une grande catastrophe suivie du règne de Dieu. Malheureusement, ce genre de schéma est fréquemment présent dans nos têtes et notre foi. Et il est périmé, donc faux pour nous.

L’enseignement de Jésus (et des Apôtres) considère au contraire que sa Venue dans la chair EST déjà l’irruption du Royaume dans le monde. Depuis son incarnation et sa résurrection, nous sommes dans les derniers temps, le Royaume affleure et se manifeste dans la vie de ceux qui l’accueillent dans la foi. Il y a interpénétration et non pas succession. Jésus est présent de façon invisible dans la vie des croyants, et donc dans le monde, où l’Esprit est à l’œuvre. C’est le temps de l’Église (les 1000 ans de l’Apocalypse). La Venue glorieuse de Jésus, précédée de la grande tribulation, sera simultanément le rassemblement des élus, la fin du monde, et l’accomplissement du Royaume de Dieu. Examinons de plus près les éléments qui sont offerts par Marc, puis Matthieu, puis Jean.

CETTE RÉFLEXION FAIT SUITE À L’ARTICLE PUBLIÉ SUR LE SITE SOSDISCERNEMENT.ORG : VOUS AVEZ DIT FIN DU MONDE ?

TROIS CATÉCHÈSES SUR LA FIN

I. Le discours eschatologique de Jésus élaboré par Marc 13

À partir de la réflexion des disciples sur les belles pierres du Temple, de l’affirmation de Jésus sur la destruction du Temple, et de leur question : « dis-nous quand et à quels signes ? », l’évangéliste structure une catéchèse en trois temps :

  • Les signes qui annoncent la Fin, v. 5-23. Imaginez que vous achetez un sandwich, on vous pose la question « à quoi ? ». Et bien ici, puisqu’il s’agit des signes, trois affirmations sont données : les catastrophes ne sont pas le signe de la Fin ; les persécutions ne sont pas le signe de la Fin ; le signe de la Fin : l’abomination, et la grande tribulation. Ces trois affirmations sont placées entre deux tranches de pain : prenez garde, ils abuseront bien des gens, et : prenez garde, n’en croyez rien, je vous ai prévenus de tout. Cela laisse un drôle de goût en bouche, puisque Jésus laisse à entendre que l’interprétation des signes est un terrain super-glissant !
  • La Venue du Fils de l’homme, v. 24-27. Là au moins, l’affirmation est nette : Jésus viendra avec puissance et grande gloire, après la grande tribulation, et pour rassembler les élus.
  • Le jour et l’heure, v. 28-34. Ici Jésus manie le chaud et le froid : la certitude que c’est pour bientôt, et l’ignorance du moment exact. La conclusion porte sur la nécessité de veiller.

Il faut avouer que ce discours est très bien ficelé. Même s’il contient quelques petites révélations sur l’avenir, le texte de Marc 13 se distingue pourtant d’une apocalypse sur deux points :

  • D’abord Jésus avertit quatre fois les lecteurs de « ne pas se laisser abuser et égarer » par l’interprétation apocalyptique.
  • Ensuite, alors qu’une apocalypse est souvent caractérisée par l’annonce des événements à venir, ici au contraire, Jésus demande de ne croire en rien ceux qui prétendraient donner des renseignements trop précis et met en garde contre toute ferveur apocalyptique.

Ce discours est donc très « posé », et ne se prête pas à des élucubrations délirantes ou à des curiosités malsaines. De plus, il est très édifiant pour la foi et l’espérance.

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II. Le discours eschatologique de Jésus élaboré par Matthieu 24-25

On voit déjà que c’est beaucoup plus long, deux chapitres au lieu d’un ; le texte est composé de trois parties successives :

La Parousie, la Venue du Fils de l’homme (partie 1)

Chez Mt, il y a une sorte de superposition entre la Venue du Christ, la ruine de la fin du monde, et le jugement que le Fils de l’homme fera passer sur les hommes par ses anges. Il y a ainsi, dans les paroles de Jésus une progression qui s’effectue de la manière suivante :

  • Le commencement des douleurs : ne vous effrayez pas, ce n’est pas encore la fin
  • Les persécutions comme occasion de témoignage : vous serez livrés à la détresse, le mal prendra des proportions inouïes, marqué par la perte de l’amour du prochain.
  • La grande tribulation en Judée, mais aussi sur le monde entier,. Elle sera une menace pour la fidélité des élus : ils risquent, sous l’influence des faux prophètes et faux Christs, d’aban­donner la foi ; d’où l’insistance par deux fois : n’en croyez rien !
  • Parlant finalement de l’ébranlement du cosmos, puis de l’apparition du signe du Fils de l’homme, Jésus se distancie de conceptions qui limiteraient sa manifestation à un lieu géographique déterminé ou à un groupe de privilégiés. Car sa visibilité sera universelle, bien que sa date soit imprévisible.

Les paraboles de la vigilance (partie 2)

Partant du thème de l’inconnaissance du jour de la Parousie, l’évangéliste développe de proche en proche les conséquences pratiques de ce fait : « Veillez donc »; « Soyez prêts ». Il le fait en regroupant quatre paraboles : les jours de Noé et le voleur ; le serviteur à la venue de son maître ; les dix vierges ; les talents.

L’annonce du jugement des Nations (partie 3)

C’est la troisième partie, cinquième parabole, apothéose, grande fresque dévoilant un jugement universel basé sur l’amour, une séparation des hommes en deux groupes. Car le Juge s’était identifié aux pauvres, et ceux qui sont proclamés « justes » ont fait miséricorde au Christ sans le savoir.

Matthieu compose sa catéchèse sur la Venue finale du christ comme une exhortation sur la façon dont se préparer à entrer dans le Royaume qui vient : il insiste sur la vigilance, car le sort individuel dépend de la façon dont on aura réagi pendant cette absence et préparé cette rencontre avec le Christ.

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III. Troisième catéchèse : l’Apocalypse de Jean

Ce dernier livre de la Bible est tout entier consacré à une révélation d’ordre prophétique. Elle est transmise à travers des visions reçues par Jean, décrites en puisant abondamment dans le réservoir à images de l’A.T.

Cette révélation est le dévoilement du Jugement déjà à l’oeuvre dans l’histoire humaine. Il agit à travers des événements cataclysmiques (où le mal est à l’oeuvre de façon limitée). Ils sont à la fois sanction des conduites humaines et avertissements préventifs pour mouvoir l’humanité vers la conversion.

C’est pourquoi le thème des plaies d’Égypte est fortement réemployé tout au long du livre, pour nous transmettre ce message de libération finale du Mal, lequel se trouve déjà sous la seigneurie du Christ. Un focus spécial est fait sur les martyrs, dont le témoignage sanglant leur procure une rétribution immédiate.

L’histoire mûrit, le temps est proche de la chute de l’idolâtrie, de la résurrection des morts, du jugement final, de la purification finale du monde, et de l’advenue du monde nouveau et de la Jérusalem céleste où Dieu est tout en tous.

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VOICI DONC QUATRE BALISES PROPOSÉES

J’ai présenté les trois scénarios les plus élaborés du Nouveau Testament. Ils font partie du canon des Écritures, ils ont été mis en forme par les apôtres les plus proches de Jésus. Nous risquons de ne pas faire mieux ! Inutile de vouloir compléter par nos sécrétions psychiques. Exploitons et nourrissons-nous des quatre balises proposées :

  1. La perspective chronologique est dissuadée dans les trois cas : nul ne sait la date et l’heure ; seule ressort l’affirmation : « je viens bientôt ». Il faut accepter ce flou comme nécessaire et inhérent aux événements de la fin.
  2. La recherche des signes et leur compréhension est dévaluée : les mises en garde sont très claires. Vouloir lister des événements historiques comme annonciateurs est une impasse totale qui relève d’une posture divinatoire.
  3. Les événements que nous attendons sont clairement indiqués : désordre cosmique, confusion déstabilisatrice, Venue glorieuse et universelle du Christ, rassemblement des élus, résurrection des morts, jugement des nations, défaite finale du Mal, avènement d’un monde nouveau où Dieu règne.
  4. La vigilance dans la foi, l’espérance, et la charité concrète, est la seule attitude proposée pour paraître « debout devant le Fils de l’homme » (Luc 21,36), c’est-à-dire libérés de la peur et pleins d’assurance.
Cette vidéo sera mise en ligne en février 2025.

Qu’est-ce que la Bible hébraïque a changé dans le monde ?

Deux émissions sur RCF avec le P. Olivier Artus, bibliste, professeur honoraire de théologie biblique à l’Institut catholique de Paris (ICP), ancien membre de la Commission biblique pontificale, recteur de la basilique de Vézelay, co-auteur du livre « Penser les défis contemporains avec la Bible hébraïque – Une éthique du bien et du mal » (éd. Odile Jacob, 2022).

Donald Trump, vendeur de Bibles

Francis Daoust, directeur général de la Société Canadienne Biblique (Socabi), Parabole juin 2024/2.

Nombreux sont ceux et celles qui ont été outrés en 2020 lorsque Donald Trump a posé, Bible à la main, devant l’église épiscopale St. Johns à Washington. Le président américain agissait ainsi afin d’envoyer un message clair à des manifestants amassés face à la Maison-Blanche. Peu de temps avant, lors d’une conférence de presse, le millionnaire new-yorkais s’était en effet référé à un passage de la Lettre de Paul aux Romains afin de soutenir que l’éventuel usage de la force contre les protestataires serait justifié par les Écritures elles-mêmes : « Que chacun soit soumis aux autorités supérieures, car il n’y a d’autorité qu’en dépendance de Dieu, et celles qui existent sont établies sous la dépendance de Dieu ; si bien qu’en se dressant contre l’autorité, on est contre l’ordre des choses établi par Dieu, et en prenant cette position, on attire sur soi le jugement» (Romains 13, 1-2). C’est d’ailleurs en utilisant des gaz lacrymogènes, et une force démesurée et largement condamnée, que les policiers avaient permis à Trump de se frayer un chemin jusqu’au parvis de l’église.

Quatre ans plus tard, Trump pose à nouveau Bible en main, mais cette fois-ci afin de faire du commerce. Il s’agit d’une édition des Écritures nommée Que Dieu bénisse les États-Unis d’Amérique. Cette entreprise est une collaboration avec le chanteur country Lee Greenwood, célèbre pour la chanson patriotique Gad Bless the USA parue en 1984 et également connue sous le nom de Proud to Be an American. Dans la vidéo promotionnelle, Trump mentionne que la Bible est son livre préféré, que chaque foyer devrait en posséder une et énonce un nouveau slogan : « Make America Pray Again ». On peut se procurer cet ouvrage pour 60 dollars américains, soit environ 82 dollars canadiens.

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Lancement d’une édition inédite de la Bible conçue par des femmes africaines

Analyse. Une Bible méditative inédite par des femmes africaines a  été conçue par l’ensemble des sociétés bibliques africaines. Elle sera  officiellement lancée samedi 13 avril, mais sa diffusion en français a  déjà commencé.              Charlotte Gambert, sur le site de La Croix

« C’est la première fois que des sociétés bibliques aussi diverses, sur un continent aussi hétéroclite que l’Afrique, réussissent à concevoir un projet d’une telle envergure ! » Elsbeth Scherrer, directrice éditoriale de l’Alliance biblique universelle (ABU), qui a participé à l’édition française d’une nouvelle Bible, spécifiquement dédiée aux femmes africaines, ne cache pas son enthousiasme.

Samedi 13 avril au temple de l’Étoile, dans le 17e arrondissement de Paris, une « Bible de méditation par les femmes d’Afrique » sera officiellement lancée en français, au cours d’un événement organisé par l’Alliance biblique française, la Communauté des Églises d’expression africaine francophones (CEAF) et la Fédération protestante de France (FPF). Conçu par 26 sociétés bibliques d’Afrique, l’objet de presque 2 000 pages (Éditions Bibli’o, 35 € pour l’édition classique ou 52 € pour la version haut de gamme) est en vente en France depuis le mois de février. À ce jour, 26 000 exemplaires ont été imprimés, destinés à une quinzaine de pays francophones.

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