Archives de catégorie : Paul

La lettre aux Galates 6

Catéchèse du pape François. 6 : Les dangers de la Loi

Frères et sœurs, bonjour !

La Lettre aux Galates rapporte un fait plutôt surprenant. Comme nous l’avons entendu, Paul dit qu’il a réprimandé Céphas, c’est-à-dire Pierre, devant la communauté d’Antioche, parce que son comportement n’était pas bon. Que s’était-il passé de si grave au point d’obliger Paul à s’adresser en termes durs même à Pierre ? Peut-être Paul a-t-il exagéré, a-t-il trop laissé place à son caractère sans savoir se retenir ? Nous verrons qu’il n’en est pas ainsi, mais qu’une fois encore la relation entre la Loi et la liberté est en jeu. Et nous devons revenir sur cela de nombreuses fois.

En écrivant aux Galates, Paul mentionne de manière voulue cet épisode qui s’était passé à Antioche des années auparavant. Il entend rappeler aux chrétiens de ces communautés qu’ils ne doivent absolument pas écouter ceux qui prêchent la nécessité de se faire circoncire et donc tomber « sous la Loi » avec toutes ses prescriptions. Rappelons que ce sont ces prédicateurs fondamentalistes qui sont arrivés là-bas et qui ont créé de la confusion, et ils ont également ôté la paix à cette communauté.  L’objet de la critique à l’égard de Pierre était son comportement dans la participation à table. La Loi interdisait à un juif de prendre ses repas avec les non juifs. Mais Pierre lui-même, dans une autre circonstance, était allé à Césarée dans la maison du centurion Corneille, tout en sachant qu’il transgressait la Loi. Il affirma alors : « Mais Dieu vient de me montrer, à moi, qu’il ne faut appeler aucun homme souillé ou impur » (Ac 10, 28). Une fois rentré à Jérusalem, les chrétiens circoncis fidèles à la Loi mosaïque réprimandèrent Pierre pour son comportement, mais il se justifia en disant : « Je me suis alors rappelé cette parole du Seigneur : Jean, disait-il, a baptisé avec de l’eau mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit Saint. Si donc Dieu leur a accordé le même don qu’à nous, pour avoir cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour faire obstacle à Dieu ? » (Ac 11,16-17). Rappelons que l’Esprit Saint est venu à ce moment-là dans la maison de Corneille quand Pierre est allé là-bas.

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La lettre aux Galates 5

Catéchèse du pape François. 5. La valeur propédeutique de la foi

Frères et sœurs, bonjour!

Saint Paul, qui aimait Jésus Christ et qui avait bien compris ce qu’était le salut, nous a enseigné que les «enfants de la promesse» (Ga 4, 28) – c’est-à-dire nous tous, justifiés par Jésus Christ – ne sont pas sous le joug de la Loi, mais sont appelés à un style de vie exigeant dans la liberté de l’Evangile. Cependant, la Loi existe. Mais elle existe d’une autre manière: la même Loi, les dix commandements, mais d’une autre manière, parce qu’elle ne peut pas justifier par elle-même une fois que le Seigneur Jésus est venu. C’est pourquoi, dans la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais expliquer cela. Et nous nous demandons: quel est, selon la lettre aux Galates, le rôle de la Loi? Dans le passage que nous avons écouté, Paul soutient que la Loi a été comme un pédagogue. C’est une belle image que celle du pédagogue dont nous avons parlé au cours de la dernière audience, une image qui mérite d’être comprise dans sa juste signification.

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La lettre aux Galates 4

Catéchèse du pape François. 4. La loi de Moïse

Frères et sœurs, bonjour!

«Alors pourquoi la Loi ?» (Ga 3,19). Voilà l’interrogation que, en suivant saint Paul, nous voulons approfondir aujourd’hui, pour reconnaître la nouveauté de la vie chrétienne animée par l’Esprit Saint. Mais s’il y a l’Esprit Saint, s’il y a Jésus qui nous a rachetés, pourquoi la Loi? Aujourd’hui, nous devons réfléchir sur cela. L’Apôtre écrit: «Mais si l’Esprit vous anime, vous n’êtes pas sous la Loi» (Ga 5,18). En revanche, les détracteurs de Paul soutenaient que les Galates auraient dû suivre la Loi pour être sauvés. Ils revenaient en arrière. Ils étaient comme nostalgiques d’autres temps, des temps avant Jésus Christ. L’apôtre n’est pas du tout d’accord. Ce n’est pas dans ces termes qu’il s’était accordé avec les autres apôtres à Jérusalem. Il se rappelle bien des paroles de Pierre quand il soutenait: «Pourquoi donc maintenant tentez-vous Dieu en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n’avons eu la force de porter?» (Ac 15,10). Les dispositions prises à la suite de ce «premier concile» – le premier concile œcuménique avait été celui de Jérusalem et les dispositions prises par ce concile étaient très claires, et disaient: «L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d’autres charges que celles-ci, qui sont indispensables: vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes» (Ac 15, 28-29). Ce sont des choses qui touchaient le culte de Dieu, l’idolâtrie et qui touchaient également la façon de comprendre la vie de ce temps.

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La lettre aux Galates 3

Catéchèse du pape François. 3. Il n’y a qu’un seul Évangile

Frères et sœurs, bonjour!

Quand il s’agit de l’Evangile et de la mission d’évangéliser, Paul s’enthousiasme, il sort de lui-même. Il semble ne rien voir d’autre que cette mission que le Seigneur lui a confiée. Tout en lui est consacré à cette annonce, et il n’a aucun autre intérêt, si ce n’est l’Evangile. C’est l’amour de Paul, l’intérêt de Paul, le métier de Paul: annoncer. Il arrive même à dire: «Le Christ ne m’a pas envoyé baptiser, mais annoncer l’Evangile» (1 Co 1, 17). Paul interprète toute son existence comme un appel à évangéliser, à faire connaître le message du Christ, à faire connaître l’Evangile: «Malheur à moi – dit-il – si je n’annonçais pas l’Evangile!» (1 Co 9,16). Et en écrivant aux chrétiens de Rome, il se présente simplement ainsi: «Paul, serviteur du Christ Jésus, apôtre par vocation, mis à part pour annoncer l’Evangile de Dieu» (Rm 1,1). Voilà quelle est sa vocation. En somme, il a conscience d’avoir été «mis à part» pour apporter l’Evangile à tous, et il ne peut rien faire d’autre que se consacrer de toutes ses forces à cette mission.

On comprend donc la tristesse, la déception et même l’ironie amère de l’apôtre à l’égard des Galates, qui à ses yeux prennent une mauvaise direction, qui les conduira à un point de non-retour: ils se sont trompés de route. L’axe autour duquel tout tourne est l’Evangile. Paul ne pense pas aux «quatre évangiles», comme nous le faisons spontanément. En effet, alors qu’il est en train d’envoyer cette lettre, aucun des quatre évangiles n’a encore été écrit. Pour lui, l’Evangile est ce qu’il prêche, ce qui s’appelle le kérygme, c’est-à-dire l’annonce. Et quelle annonce ? De la mort et de la résurrection de Jésus comme source de salut. Un Evangile qui s’exprime à travers quatre verbes: «Le Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures, il a été mis au tombeauil est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures, il est apparu à Céphas» (1 Co 15, 3-5). C’est l’annonce de Paul, l’annonce qui nous donne la vie à tous. Cet Evangile est l’accomplissement des promesses et il est le salut offert à tous les hommes. Celui qui l’accueille est réconcilié avec Dieu, il est accueilli comme un véritable fils et obtient la vie éternelle en héritage.

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La lettre aux Galates 2

Catéchèse du pape François – 2.  Paul véritable apôtre

Nous pénétrons peu à peu dans la Lettre aux Galates. Nous avons vu que ces chrétiens se trouvent en conflit sur la manière de vivre la foi. L’apôtre Paul commence à écrire sa Lettre en leur rappelant leurs relations passées, la difficulté due à l’éloignement et l’amour inchangé qu’il nourrit pour chacun d’eux. Il ne manque cependant pas de faire noter sa préoccupation pour que les Galates puisse suivre le juste chemin: c’est la préoccupation d’un père, qui a engendré les communautés dans la foi. Son intention est très claire: il est nécessaire de réaffirmer la nouveauté de l’Evangile, que les Galates ont reçu de sa prédication, pour construire la véritable identité sur laquelle fonder sa propre existence. Et il s’agit-là du début: réaffirmer la nouveauté de l’Evangile, celui que les Galates ont reçu de l’apôtre.

Nous découvrons immédiatement que Paul est un profond connaisseur du mystère du Christ. Dès le début de sa Lettre, il ne suit pas les bas arguments utilisés par ses détracteurs. L’apôtre “vole haut” et nous indique également comment nous comporter quand des conflits se créent au sein de la communauté. En effet, ce n’est que vers la fin de la Lettre qu’il est explicité que le noyau de la diatribe suscitée est celui de la circoncision, donc de la principale tradition juive. Paul choisit la voie d’aller plus en profondeur, car l’enjeu est la vérité de l’Evangile et la liberté des chrétiens, qui en fait partie intégrante. Il ne s’arrête pas à la superficie des problèmes, des conflits, comme nous sommes souvent tentés de le faire pour trouver immédiatement une solution qui donne l’illusion de mettre tout le monde d’accord avec un compromis. Paul aime Jésus et sait que Jésus n’est pas un homme-Dieu de compromis.  Ce n’est pas ainsi que fonctionne l’Evangile et l’apôtre a choisi de suivre la voie la plus exigeante. Il écrit ce qui suit: «En tout cas, maintenant est-ce la faveur des hommes, ou celle de Dieu que je veux gagner ? ». Il ne cherche pas à faire la paix avec tous. Il poursuit : » Est-ce que je cherche à plaire à des hommes ? Si je voulais encore plaire à des hommes, je ne serais plus le serviteur du Christ» (Ga 1,10).

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